Souffle du feu dans la gorge de la neige,
Racines rameutant la profonde couleur -
De quel exil ce cri de sources et de feuilles ?

Un mot éclate dans nos poings en sillons d'oiseaux,
En sentiers d'étoiles se lève la folle espérance.
Nos mains chevauchant la jeune rosée,
Ô déjà le fleuve en fête d'îles et d'hirondelles !
D'une seule éternité nous habitons le monde.
Un rameau surgi au premier pas du temps,
Rougeoyante épée dans les yeux de notre histoire,
La terre frisonne jusqu'en notre enfance.
Nous naissons - horizon de vagues vivaces,
Journée debout dans l'humaine bataille.
À jamais l'avril du feu ferme nos blessures,
Bouche à bouche nous ouvrons le seuil d'une patrie.
Tout en sang encore sous l'aile du soleil,
Avec la première branche de l'année,
Un peuple trace sur la terre sa liberté.

(Gatien Lapointe, Poèmes retrouvés, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2016, p. 60)