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Musique
vers [ ]

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by [Hector_de_Saint-Denys_Garneau ]

2011-01-10  | [Ezt a szöveget a következ. nyelven kell olvasni francais]    |  Könyvtárba beírt Guy Rancourt



Musique pour moi ce soir lointaine
Dévoilée au loin tu transportes là-bas mon âme
Chanson des collines rythmes
Que la distance réunit en ces faisceaux
Bouquet du paysage horizontal.

Est-ce que les enfants n'entendent pas cela tout le jour
Et les anges,
Ces paysages réunis dans une seule lumière

Tu me parles paroles inouïes
Bouleversements de tout le coeur,
Bercements jusqu'à l'infini des espoirs commencés,
Des amours esquissés à peine enveloppés d'un geste
Et qu'un désir à peine a fleuris dans mes yeux

Et les départs à peine pour de lointaines contrées
Sourires dans l'inconnu

Ou larmes vous si cherchées
Larmes à boire liqueur enivrante du coeur
Qui coulez en dedans
Jusqu'au trop plein de ce coeur qui s'écoule
Adorable mine.

Et ces fureurs...

Que je t'accueille amie
Tu feras divine la torture
Et cet amour mort comme un pays
Épanoui qui se déroule au soleil immobile
D'un jour que les heures n'ont pas mangé
Tu rendras sang à ces souvenirs
Déjà qui s'estompent
Ou qui restent dans la chambre au fond

De ce coeur toujours désaffecté
Où passèrent tant de roses sans fleurir
Et fleurs sans coeur au sein de la corolle
Et corolles trop fanées déjà
Qui êtes tombées au milieu même de ces bercements
Prodigués par l'air du soir à votre soif
Et de ce désaltèrement de la matinale fraîcheur

Te voilà mienne en mes mains, ces âmes méritantes de mon corps,
Mienne éternelle en passage
Par ces mains-ci, par ces quêteuses de tendresse
Et que rien n'a comblées
Nécessitées à des plénitudes absolues
Mains qui ne sont pas heureuses.

Ces tristes voyez-vous, ces vides
Voulantes assoiffées mains désirantes
À qui je dis ce soir de se taire et que ce ne seront
pas elles
Ces mains de chair pâles
qui posséderont.

Tu transformes ce désir perdu
Éparpillé poussière à tous les vents de la journée
En celui de saisir et posséder ici ma vie
Ma vie inaccessible et mon âme trop lointaine

De les posséder enfin des fleurs...

(Hector de Saint-Denys Garneau, Les solitudes)

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