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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-01-02 | [Ezt a szöveget a következ. nyelven kell olvasni francais] | Könyvtárba beírt Guy Rancourt Ce n'est merveille si je chante Mieux que tous les autres troubadours, Mon cœur va plus fort vers l'amour Et je suis mieux fait à ses ordres. Cœur et corps et savoir et sens, Force et pouvoir lui ai donné, Que je ne m’applique à rien d’autre. Bien est mort qui d’amour ne sent Au cœur quelque douce saveur ; À quoi sert vivre sans Valeur, Sinon à ennuyer les gens. Que Dieu ne me haïsse au point De me faire vivre un jour, un mois, Après être devenu fâcheux Et n’avoir plus désir d'amour. De bonne foi, sans tromperie, J’aime la plus belle et meilleure : Mon cœur soupire, mes yeux pleurent De trop l’aimer pour mon malheur. Mais qu’y puis-je, si l’Amour m’a pris, Si la prison où il m’a mis A pour seule clé la merci Qu’en elle je ne trouve point? Cet amour me blesse le cœur D’une saveur si gente et douce Que si, cent fois par jour, je meurs Cent fois la joie me ressuscite. C’est un mal de si beau semblant Que je le préfère à tout bien; Et puisque le mal m’est si doux Quel bien pour moi après la peine! Ah Dieu! Que ne distingue-t-on D’entre les faux les vrais amant? Tous ces flatteurs et ces perfides, Que ne portent-ils corne au front? Je donnerais tout l’or du monde Et tout l’argent – si je l’avais – Pour que ma dame sût combien Je l’adore fidèlement. Quand je la vois, tout en témoigne : Mes yeux, mon front et ma pâleur. Aussitôt je tremble de crainte, Comme la feuille dans le vent, Et n’ai plus de sens qu’un enfant… Voilà comme Amour m’a saisi : Ah! que d’un homme ainsi conquis, Dame peut avoir grand pitié! Bonne dame, ne vous demande Que d’être pris pour serviteur : Servirai en vous bon Seigneur Quelle que soit la récompense; Et me voici tout à vos ordres, Être noble et doux, gai, courtois! Vous n’êtes point ours ni lion Pour me tuer, si je me rends! À mon « Courtois », là où elle est, J’envoie ce « vers » : qu’il ne la fâche Que j’aie tant tardé à le faire! (In René Nelli et René Lavaud, Les troubadours, Desclée De Brouwer, (Bibliothèque européenne), 1966)
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